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La fertilisation du sol consiste à donner à la terre les éléments minéraux et organiques qui peuvent lui manquer ou être présents en quantités trop limitées. Ainsi les cultures ont accès à un sol plus riche (fertile) et se développent mieux.

 

Les aliments des plantes

 

Quels éléments fertilisants, pour quoi faire ?

Élément fertilisant Rôle Signes de carence Provenance
Azote Fabrication des protéines. Donne aux plantes leur couleur verte. Contribue à la croissance des tiges et des feuilles. Les feuilles âgées jaunissent. Les plantes sont peu développées. L’azote est facilement lessivé hors du sol. Apporté par les matières organiques ; les roches n’en contiennent pas. Sources : légumineuses, engrais verts, poudre de sang, viande, os, sabots et cornes, algues vertes, bactéries fixatrices d’azote (azotobacter).
Phosphore (phosphates) Important pour la croissance des racines, la geermination et le développement des jeunes plants. Racines peu développées. Coloration bleu-vert sur les feuilles âgées. N’est pas facilement lessivé mais devient assimilable aux pH bas et élevés. Apporté par les matières organiques, les phosphates naturels, la poudre de sang et d’os, la farine de poisson, les engrais verts. Les mycorhizes des racines peuvent aider les plantes à absorber le phosphore.
Potassium (potasse) Fabrication des protéines. Agit sur la taille et la qualité des fruits et des fleurs. Augmente la résistance au gel, aux ravageurs et aux maladies. Agit sur l’absorption des autres éléments. Plantes peu développées. Bord des feuilles jaune-brun. La potasse est facilement lessivée. Peut se fixer sur l’argile et la matière organique. Apporté par la matière organique, les roches siliceuses, les algues, la consoude, les engrais verts, les cendres. Ces dernières peuvent facilement être lessivées.
Magnésium Élément central de la chlorophylle (pigment vert). Jaunissement entre les nervures des feuilles. Affecte d’abord les feuilles les plus âgées. Apporté par la matière organique, les roches dolomitiques, les algues.
Calcium Fabrication des protéines. Cimente les cellules entre elles. Parmi les symptômes : rougissement des jeunes pousses de tomates, de la laitue. Me calcium est lessivé par la pluie. Apporté par la matière organique, le compost de champignonnière, les amendements calcaires, le gypse, les plâtras.
Soufre Fabrication des protéines. Faible développement. Jaunissement. Carence rare. Apporté par les matières organiques, les algues, le gypse, les plâtras.
Oligo-éléments Fonctions multiples. Symptômes multiples. Apporté par les matières organiques, les algues, le purin, le lisier, les roches broyées.

Tableau des éléments fertilisants, de leurs rôles et provenance dans le jardin

 

Engrais organiques et minéraux de complément

Les teneurs en éléments fertilisants sont des moyennes : elles peuvent varier selon l’origine des fertilisants.

Elles sont données pour l’azote (N), l’acide phosphorique (P2O5) et la potasse (K2O).

Engrais N,P,K Utilisation Apport Commentaires
Poudre de sang N: 10 à 12
P: 1
K: 0,7
Pour stimuler rapidement la croissance des parties vertes et des racines. 30 à 50 g/m². À utiliser en général en « couverture », c’est-à-dire sur les cultures déjà en place. L’azote est rapidement libéré et assimilé par les plantes. Il favorise une croissance vigoureuse.
Corne broyée torrefiée N: 10 à 15
P: 1
K: 0,7
Pour les plantes ayant besoin d’une nourriture progressive pendant une longue période. Particulièrement intéressant pour les arbres et arbustes. 50 à 80 g/m². À apporter quelques semaines avant semis ou plantation, comme fertilisant de base, ou en couverture sur les cultures en plance. Libération progressive de l’azote.
Poudre d’os N: 3 à 4
P: 20
K: –
Pour corriger les carrences en phosphore, sauf dans les sols à pH élevé. 40 à 60 g/m². Mêmes conditions d’apport que les phosphates naturels. Seule source de phosphore d’origine organique. Apporte également de l’azote et du calcium.
Lombri-compost N: 2
P: 4
K: 1 Riche en oligo-éléments
Fertilisant de base ou de complément surtout pour la production de plants. Excellent activateur de compost. 100 g/m². Améliore la structure du sol et favorise son activité biologique. Nourrit le sol et les plantes. Riche en microorganismes utiles.
Poudre de roche N: 0
P: 0
K: 3 à 10 Nombreux oligo-éléments
Pour apporter de la silice, des oligo-éléments, de la potasse. 200 g/m². Mêmes conditions d’apport que les engrais phosphatés. Libère très progressivement les éléments qui les constituent. Ne permet pas de comber une carence importante en potasse.
Phosphates naturels N: 0
P: 28 à 30
K: 0
Pour corriger les carences en phosphore dans les sols acides ou neutres. 40 à 60 g/m². Apport au moment de la préparation du sol ou par l’intermédiaire du compost.
Cendre de bois N: 0
P: 5 à 10
K: 10 à 30 Nombreux oligo-éléments
Pour corriger les carences en potasse et apporter des oligo-éléments. 50 g/m². À incorporer au compost ou sur le sol au printemps. La potasse des cendres de bois est très soluble et facilement lessivée.
Poudre d’algues N: 2 à 3
P: 0,1 à 0,3
K: 2 à 3
Pour stimuler la croissance et renforcer la résistance aux maladies. 100 à 200 g/m². Excellent fertilisant de complément. Contient de nombreux composés organiques qui stimulent la vie du sol et la croissance des plantes.
Jus de consoude N: 0,02
P: 0,03
K: 0,05
(jus dilué)
En pulvérisation foliaire ou pour le trempage des racines. Stimule la végétation. Activateur du compost. Pulvériser le produit dilué chaque semaine sur tomates, poivrons, curcubitacées, pois, haricots. Presser ou centrifuger pour extraire le liquide, diluer au 10e ou au 20e. Pulvériser par temps couvert pour éviter les brûlures sur les feuilles.
Purin d’orties Contient moins d’azote, mais d’avantage de potasse que le jus de consoude. Riche en fer. En pulvérisation foliaire. Stimule la végétation et la vie du sol. Arroser périodiquement les plantes avec du purin dilué.

 

L’engrais vert

 

Principe

Enrichir et améliorer le sol en y incorporant des plantes, le plus souvent poussées sur place. On profite ainsi du travail gratuit de ces végétaux qui puisent dans les profondeurs du sol et dans l’atmosphère des éléments qui seront utiles aux cultures suivantes. De plus, l’engrais vert protège le sol et, grâce à ses racines, le travaille en profondeur. Certaines plantes productrices d’humus (seigle, phacélie, trèfle, etc) peuvent remplacer partiellement le fumier et le compost. Enfin, l’engrais vert absorbe des nitrates (composés nutritifs azotés) qui, autrement, seraient lessivés par les pluies et perdus. Au lieu d’aller polluer les eaux souterraines, ces nitrates peuvent être utilisés par les cultures.

 

Pratique

Semis : en place, à la volée, sur une parcelle fraîchement récoltée.

Ne pas bêcher le sol. Il est excellent d’apporter les engrais minéraux (phosphates, lithothamme, poudres dde roches, cendres de bois, scories, etc) avant le semis d’engrais vert.

Enfouissement : il a lieu avant la fin de la floraison et  il peut être réalisé directement si l’engrais vert est peu développé ou s’il a été détruit par le gel. Dans les autres cas, il faut le détruire avant de l’enfouir en utilisant une des méthodes suivantes :

  • broyage avec une tondeuse à gazon (travail sur une demi-largeur seulement si l’engrais vert est très développé) ;
  • fauchage ;
  • coupe à la cisaille (petites surfaces).

Les matériaux broyés ou coupés doivent séjourner sur le terrain deux à trois semaines avant d’être incorporés au sol.

L’enfouissement se réalise soit à la bêche classique ou à la charrue (15cm de profondeur maximum), soit sans retournement, par plusieurs passages rapides d’outils type Aérabêche ou Grelinette (ou bien outils à dents du motoculteur, ou motobêche).

À la suite de l’engrais vert, on cultive de préférence des légumes gourmands en matière organique, et plantés plutôt que semés. Exemples : courge, potiron, concombre, tomate, piment, pomme de terre, chou-fleur, chou pommé, fraisier, céleri, poireau.

 

Plantes utilisées

Le seigle : produit de l’humus et étouffe les mauvaises herbes. Tous sols. Dose de semis : 100-200 g/10m². Faculté germinative : deux ans.

La moutarde : pousse très vite. Tous sols, même calcaires. Ne pas utiliser sur un terrain contaminé par la hernie du chou, car la moutarde appartient aussi à la famille des crucifères. Dose de semis : 15-30 g/10m². Emploi facile car étant détruite au moins partiellement par le gel hivernal (sauf dans les régions à hiver très doux), elle ne nécessite pas de broyage avant l’enfouissement.

La phacélie : pousse très vite, produit de l’humus, étouffe les mauvaises herbes. Donne de jolies fleurs mauves visitées par les abeilles et autres insectes amateurs de pollen et de nectar. Dose de semis : 10-15 g/10m². Emploi facile car elle est détruite au moins partiellement par le gal (-5°C).

Le trèfle incarnat : produit de l’humus et fixe l’azote de l’air. Tous sols, mais préfère les sols légers et plutôt acides. Dose de semis : 10-25 g/10m².

L’épinard : sol frais, non calcaire. Dose de semis : 50g/10m².

Les jardiniers qui ont des animaux herbivores à nourrir peuvent inclure une petite prairie artificielle dans l’assolement de leur jardin (de 10 à 25% du total, selon la surface du potager). Les racines et une partie des feuilles et tiges restant acquises au jardin, il s’agit donc d’un engrais vert. Une des peilleures plantes pour cet usage est la luzerne, dont les racines s’enfoncent très profondement et qui peut rester deux à quatre ans en place. En sol lourd ou acide, préférer le trèfle violet (durée : un à deux ans) et, en sol calcaire, le sainfoin (durée: un à deux ans). Semer ces plantes fourragères de préférence au moment de la floraison de l’aubépine. Signalons enfin que la pelouse peut jouer le même rôle améliorant que la prairie artificielle si on l’inclut dans l’assolement du jardin.

 

Les semences

Les plantes citées plus haut sont les plus couramment disponibles en jardinerie ou dans les coopératices agricoles. Bien d’autres espèces peuvent servir d’engrais verts, mais il est parfois difficile de s’en procurer les semences : féverole, vesces, lupin, trèfles divers, mélilot, pois, avoine, sarrasin, colza, radis chinois, etc.

 

Orties et consoude : deux plantes-engrais

 

Contrairement aux engrais verts proprement dits, qui sont annuels, la grande ortie et la consoude de Russie sont des plantes vivaces, dont les touffes vivent donc de nombreuses années. Dans le jardin, on leur réservera quelques mètres carrés à l’écart des parcelles cultivées.

Ces deux espèces sont appréciées par les jardiniers biologiques du fait de leur teneur élevée en éléments fertilisants, qu’elles savent puiser dans les profondeurs du sol. En fermentant dans l’eau, ces plantes libèrent de nombreuses substances (azote ammoniacal, fer, hormones végétales, vitamines, etc) qui font du « purin » obtenuun stimulant biologique plus encore qu’un véritable engrais.

 

La grande ortie (Urtica dioica)

Cette « mauvaise herbe » bien connue pousse dans les endroits riches en matière organique (anciennes décharges ou fumières, bords de chemins, terrains vagues, etc). Elle présente une affinité avec le fer et se localise souvent auprès de vieilles ferrailles.

En dehors de ses utilisations alimentaires (jeunes pousses) et fourragères (à l’état sec), le jardinier apprécie l’ortie car cette plante aurait un effet régulateur sur le fer et l’azote du sol. Elle stimule la croissance des cultures, les protège des maladies, et elle favorise la transformation des matières organiques en humus.

Les utilisations de l’ortie au jardin sont multiples :

  1. Couverture du sol, à l’aide de plantes entières ou hachées.
  2. Fertilisation et protection des plantes contre les maladies par utilisation directe d’ortie hachée dans le trou de plantation (pomme de terre, tomate : une poignée par plant).
  3. Purin d’ortie : mettre le orties (tiges et feuilles fraiches, éventuellement racines) dans un récipient non métallique ; tasser avec une pierre et recouvrir largement avec de l’eau de pluie. Laisser macérer pendant deux semaines environ, en brassant de temps en temps. Une odeur typique de purin apparaît (pour l’atténuer, ajouter des feuilles d’angélique à la macération). On observe aussi, souvent, des larves d’éristales, sortes de gros asticots inoffensifs munis d’un siphon respiratoire, qui jouent un rôle dans l’évolution du purin d’ortie.
    Pulvériser  (après filtration et dilution à 10-20% dans de l’eau) sur le sol et les plantes, une fois toutes les deux semaines environ. Ne pas pulvériser sur les plants de tomate, de concombre (uniquement le sol), car l’humidité ainsi créée pourrait favoriser le développement de certaines maladies.
    Après dilution à 10-20%, arroser au pied des plantes dont il faut activer la pousse des feuilles (y compris les arbres et les arbutes soufreteux). Ne pas arroser au purin d’ortie les plantes portant des fruits destinés à la conservation (potiron, pommier, en particulier).
  4. Dans le compost, comme activateur pour la formation de l’humus. Quelques brassées par tas.

 

La consoude de Russie (Symphytum peregrinum)

Cette plante, considérée habituellement comme ornementale, est également une véritable usine à engrais biologique. Plantée à demeure dans un endroit humide et ensoleillé (écoulement des eaux usées par exemple), la consoude fabrique une « biomasse » considérable (elle atteint deux mètres de hauteur) et puise dans les profondeurs du sol de grandes quantités d’éléments minéraux. Sa composition est pratiquement la même que celle d’un bon compost, avec trois fois plus de potasse.

La plantation de la consoude peut avoir lieu à tout moment de l’année, sauf en décembre et janvier, à l’aide de plants en godets ou de tronçons de racine. Écartement : 60cm en tous sens. La récolte des feuilles est effectuée de mai à octobre. Couper les tiges feuilletées à 10cm du sol environ.

Faute de consoude de Russie (proposée par certains pépiniéristes), utiliser de la consoude officinale (Symphytum officinale), commune dans les endroits humides.

Utilisation de la consoude au jardin :

  1. Purin de consoude : procéder comme pour le purin d’ortie, en faisant macérer pendant un mois 1 kilo de consoude fraiche dans 10 litres d’eau ; ce véritable engrais complet liquide convient particulièrement aux légumes-fruits.
  2. Utilisation directe des feuilles sur le sol : au pied des tomates, courges, potirons, arbustes fruitiers, etc. Recouvrir d’un peu de paille ou d’herbe sèche.
  3. Utilisation directe dans le sol : laisser faner les feuilles et les tiges de consoude pendant 48h avant de les mettre dans le sillon de plantation des pommes de terre (1.5 à 2 kg/mètre linéaire) ou de les enfouir, à l’automne, en vue d’une culture de printemps. Non fanées, elles risqueraient de s’enraciner.

 

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