Incroyable ce qu’un jardin produit de déchets verts ! Tontes de pelouses en abondance de fin mars à fin octobre, fleurs et tailles de plantes, résidus de récoltes au potager, feuilles mortes en automne, volumineux déchets de branches d’arbustes provenant des haies de massifs en hiver …
Paillez avec la plupart des déchets du jardin
Compostage et paillage sont les deux principales voies du recyclage des déchets organiques. Si le compostage est la technique habituelle pour recycler les déchets de la cuisine et la plupart de ceux du jardin en compost, puis en humus, le paillage constitue également un excellent moyen pour les utiliser à bon escient, et directement, au jardin.
Pailler consiste à étaler sur la terre un matériau couvrant, le paillis – ou mulch en anglais – destiné à protéger la terre et à empêcher le développement des herbes indésirables. En jardinage bioogique, le paillis idéal est naturellement un paillis organique biodégradable, qui se transforme en humus, à l’inverse des paillis réalisés en film plastique.
Dans la forêt, les feuilles mortes agissent comme un paillis. Les premières tombées en automne se dégradent vite en humus au contact de la terre humide et chaude, tandis que les dernières tombées forment une couche protectrice qui recouvre les premières et les protège du déssechement. Elles se dégradent plus lentemen et conservent leeur efficacité protectrice jusqu’à l’automne suivant. Il suffit d’imiter la nature pour comprendre comment recycler en paillis de nombreux déchets organiques du jardin : les tontes de pelouse en excès, les feuilles mortes, le broyat des branches d’arbustes et de fleurs sèches…
L’ensemble du jardin peut être paillé de la sorte. La terre sera ainsi protégée des intempéries, les vers de terre et les microorganismes trouveront des conditions idéales pour se développer et pourront ainsi ameublir et enrichir le sol, et les herbes indésirables seront tenues en échec, sans efforts et sans désherbants chimiques.
Pour pailler | Durée de vie | Condistions d’utilisation | Épaisseur | Commentaires | |
Tontes de pelouse | Toutes plantes. | 2 à 6 mois selon l’épaisseur |
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Feuilles mortes épaisses et larges |
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8 à 12 mois selon l’épaisseur |
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Quelques centimètres. |
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Feuilles mortes petites ou de décomposition rapide |
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6 à 12 mois selon l’épaisseur |
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Quelques centimètres. |
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Tiges sèches de fleurs |
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6 à 12 mois selon l’épaisseur |
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Quelques centimètres. |
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Branches broyées d’hiver |
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1 an |
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5 cm |
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Branches broyées de printemps |
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6 mois à 1 an |
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3 cm |
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Branches taillées de thuyas et de cyprès |
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1 an |
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3 cm |
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Les feuilles mortes
C’est le paillage le plus simple et le plus naturel qui soit. Il n’y a pas de feuilles bonnes ou mauvaises : la nature les recycle toutes, plus ou moins vite ! Celles des châtaigniers, chênes, grand érables, platanes…, dures et coriaces, sont parfaites en paillis de longue durée. Celles de noyer et de thuya contiennent des substances inhibitrices de la germination des graines et la croissance des plantes, qui les rendent impropres pour le compost, mais parfaites en paillis anti-herbes.
De façon générale, les feuilles ne doivent pas être enfouies dans la terre, mais simplement laissées à la surface du sol, comme dans la nature. Elles se transforment en humus forestier et forment un abri douillet qui protège pendant l’hiver de nombreux animaux de jardin, en particulier les insectes utiles (coccinelles, syrphes…).
Au pied des rosiers et des massifs arbustifs
Commencez par laisser sur place les feuilles tombées au pied des arbustes. Si elles ne suffisent pas pour former une litière assez épaisse pour durer un an, ajoutez les feuilles mortes ratissées sur la pelouse et dans les allées. Pour les rosiers et les arbustes fragiles, il vaut cependant mieux broyer les feuilles, afin qu’elles se décomposent dans l’année et ne fassent pas obstacle à la circulation de l’air et de l’eau.
Dans les massifs de vivaces
Les petites feuilles, comme celles du chêne ou du saule, conviennent bien pour pailler entre les fleurs vivaces et les bisanuelles. Elles peuvent être étalées dès l’automne, en couche peu épaisse pour ne pas asphyxier les plantations. Vous pouvez aussi utiliser les feuilles plus larges, à condition de les broyer, ce qui permet des les étaler plus facilement.
Les plantes délicates et celles dont les parties aériennes disparaissent totalement au cours de l’hiver préfèrent être paillées au printemps, lorsque leur croissance redémarre : utilisez les feuilles stockées en tas au cours de l’hiver, qui auront subi un précompostage favorable (terreau de feuilles de six mois). Si nécessaire, broyez-les avec une tondeuse ; elles s’étaleront ainsi parfaitement, formant un paillis élégant et très naturel.
Au verger
Les petits fruits apprécient beaucoup le paills de feuilles. En automne, épandez du compost jeune puis paillez avec des feuilles qui se décomposent lentement (chêne, châtaignier…). Sous les pommiers et autres arbres fruitiers, attendez la chute de leurs feuilles, puis couvrez celles-ci avec les dernières tontes de pelouse et éventuellement un peu de compost. Elles se décomposeront très vite et les lombrics les entraîneront en profondeur. À la fin de l’hiver, la terre sera propre, nette, et il n’y aura aucun risque de contamination par d’éventuelles maladies au retour du printemps.
Les tontes de pelouse
À condition de les faire d’abord sécher au soleil pendant quelques jours, pour éviter qu’elles ne se tassent en formant une pellicule imperméable et putride, on peut en disposer une couche épaisse (8 à 10 centimètres) au pied de toutes les plantes du jardin. Si elles sont étalées juste après la tonte, la couche devra alors être peu épaisse (3 centimètres maximum) et son effet protecteur sera moins efficace et moins durable. Évitez de pailler avec des tontes fraiches autour des jeunes plants dont les racines trop superficielles risqueraient d’être déteriorées par l’excès d’azote.
Les tontes de pelouse se décomposent assez vite, en quelques semaines à quelques mois selon l’épaisseur, ce qui les destine plutôt à des paillis saisonniers de courte durée : autour des plantes basses annuelles ou vivaces, des légumes de culture courte (haricots…), sous les jeunes haies.
Pour une action prolongée, le paillage doit être renouvelé régulièrement.
Branches taillées et tiges sèches des fleurs
De nombreux autres déchets du jardin peuvent être recyclés sous forme de paillis : tiges sèches et souples des montbrétias et des hémérocalles, tiges sèches boyées des cosmos, des asters… et surtout, branches des haies et arbustes taillés : celles-ci forment, après les tontes, le deuxième volume le plus important des déchets verts ! Ces branches devront être broyées : une simple tondeuse suffit pour cela.
Le broyat d’hiver convient mieux que celui de printemps, car il est plus sec et ne risque pas de chauffer. Il forme un paillis assez joli, qui s’intègre bien dans le jardin, et convient à de nombreuses situations : sous les haies et les massifs arbustifs, sous les rosiers, entre les plantes vivaces, sous les arbres fruitiers et les petits fruits : fraises, framboisiers, cassis… Par contre, il ne faut pas l’utiliser au potager car il se décompose trop lentement.
Épandu dans les allées du jardin, le broyat empêche les plantes indésirables de s’installer, et son contact est agréable, souple et moelleux sous le pied.
Sa durée de vie s’étend entre une à plusieurs années selon son épaisseur (5 à 12 centimètres).
Même les tailles des thuyas et autres cyprès, inaptes à l’utilisation en compost, forment un excellent paillis une fois broyées. Étalées à la surface du sol, elles inhibent la germination et la croissance des herbes indésirables. Cette action est durable, gratuite et sans danger pour l’environnement. Paillez ainsi les haies et les arbustes plantés depuis plusieurs années, mais pas les jeunes plantation dont le système racinaire, encore trop superficiel et fragile, risquerait d’être affecté.
En définitive, tous les déchets du jardin peuvent être récupérés et recyclés sur place. Il suffit juste d’un peu d’imagination et d’astuce pour trouver les solutions les mieux adaptées à ses besoins.