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Les mauvaises herbes

 

On devrait parler d’ « herbes spontanées des cultures » plutôt que de « mauvaises herbes ».

 

Les aspects négatifs des mauvaises herbes :

  • elles étouffent les semis à croissance lente ;
  • elles concurrencent les légumes (eau, engrais) ;
  • elles servent d’abri aux limaces et insectes nuisibles (… mais aussi à leurs ennemis naturels) ;
  • elles constituent des réservoirs de maladies dans de rares cas (hernie du chou sur les crucifères).

 

Les aspects positifs des herbes spontanées :

  • couverture et protection du sol contre les précipitations, le vent, le rayonnement solaire ;
  • production d’humus sur place par la décomposition des feuilles et, surtout, des racines. Les mauvaises herbes remplacent en partie le fumier ;
  • production de matériaux pour la couverture du sol et le compostage ;
  • travail du sol : sous-solage réalisé par les espèces à pivot puissant, émiettement par les racines chevelues ;
  • stations-refuges pour les insectes utiles : lamier, camomille, berce, etc. ;
  • des mauvaises herbes vigoureuses démontrent la fertilité d’un sol, avantage purement psychologique il est vrai.

 

Finalement, la présence de mauvaises herbes agresse plus souvent les convictions esthétiques du jardinier (« un jardin doit être propre ») qu’elle n’entame la productivité de son jardin. Les mauvaises herbes n’empêchent pas nécessairement la venue de belles récoltes.

Pourvu que :

  • les cultures à croissance lente semées en place (mâche, oignon, carotte, betterave, panais, fenouil) soient semées en sol propre et désherbées par la suite, en particulier sur la ligne, le plus tôt possible après la levée ;
  • les autres cultures soient sarclées une fois avant qu’elles ne recouvrent le terrain (pomme de terre, cucurbitacées, tomate, haricot, pois, etc.).

 

 

Moyens de limiter le développement des mauvaises herbes

 

  1. La coupe : à l’aide d’un croissant (ronces, arbustes), d’une faux, d’une faucille ou d’une cisaille.
  2. Le sarclage : à la main (arrachage), à l’aide d’une gouge, d’un sarcloir, d’une binette (herbes peu développées) ou d’une houe (herbes très développées).
    Après coupe ou sarclage, les herbes peuvent être laissées sur place (couverture du sol) ou incorporées au compost.
  3. Les cultures nettoyantes par leur fort développement ou les travaux du sol qu’elles entraînent. Ce sont le potiron, la tomate, la pomme de terre, l’engrais vert de seigle.
  4. La couverture du sol : plastique noir ou écorces de pin broyées (arbres, arbustes, plantes vivaces), paillettes de lin, paille, fumier pailleux, papier journal et carton (recouverts d’un peu de terre), ardoises, pierres plates.
  5. Le faux-semis : il consiste à préparer le sol « comme si on allait semer », deux semaines environ avant le vrai semis. La première pluie provoque la levée des mauvaises herbes. Il ne reste plus, ensuite, qu’à détruire ces dernières d’un coup de râteau léger et à semer. À faire avant une culture à croissance lente semée en place.
  6. Le désherbage thermique : on trouve dans le commerce des appareils électriques à gaz (propane) capables de cuir littéralement les mauvaises herbes. Intéressant pour détruire les mauvaises herbes peu développées entre les rangs ou avant la levée de la culture, ou bien encore pour désherber les allées, trottoirs, etc. C’est cependant une solution coûteuse et consommatrice d’énergie.
  7. Désherber au bon moment : pour la plupart des espèces vivaces (rumex, oxalis, prêle, chardon, liseron, renoncule rampante), il n’y a pas de moyen de lutte radical et biologique. Une des voies à explorer semble celle du choix de la période de coupe (ou d’extirpation) de façon à affaiblir les plantes au maximum. Celles-ci n’ont alors pas le temps de reconstituer leurs réserves pour l’hiver.
    Pour quelques espèces seulement les dates sont connues :

    • ronce, framboisier (et probablement autres plantes sarmenteuses) : du 21 au 30 juin, pendant deux ou trois ans d’affilées ;
    • chardon et, sans doute, ortie : couper ces espèces avant qu’elles ne grainent, entre le 15 août et le 8 septembre (« entre les deux Vierges » : l’Assomption et la Nativité de Marie) ;
    • chiendent, rumex (« parelle » ou « dogue »), prêle et autres mauvaises herbes vivaces : extirper racines et rhizomes en juillet-août, par temps sec.

 

À noter : dans un jardin cultivé de manière intensive, on observe une évolution de la flore de mauvaises herbes. Les espèce vivaces disparaissent au profit d’espèces annuelles à faible enracinement (mouron, véronique, pâturin, etc.). Si cette évolution tarde à se produire, réduire la surface du potager et intensifier la production sur la partie conservée en supprimant les temps morts entre deux cultures.

 

 

Les herbicides chimiques « acceptables »

 

L’usage de certains herbicides en jardinage biologique doit être subordonné, d’une part, à leur faible nocivité et, d’autre part, à l’impossibilité de résoudre un problème de mauvaises herbes par d’autres moyens.

La notion de nocivité est relative : par exemple, une pincée de sel (qui est un produit « chimique » naturel) placé au pied d’un chardon fait dépérir celui-ci sans risque pour le jardinier et l’environnement.

En revanche, l’utilisation de sel sur tout un terrain rendrait celui-ci impropre à toute culture.

Le chlorate de soude, qui se dégrade en sel (chlorure de sodium) en trois à six mois, peut être employé sur les surfaces non cultivées (cours, allées, permanentes larges, trottoirs). Veiller à ce produit ne puisse pas être entraîné vers des plantes cultivées, un cours d’eau ou un plan d’eau.

Le sulfamate d’ammonium, lui aussi, est un produit minéral qui se dégrade en trois semaines en sulfate d’ammoniaque non toxique. Il peut être utilisé pour dévitaliser des souches, débroussailler et tuer des mauvaises herbes vivaces (chiendent, rumex, oxalis, consoude…) ou annuelles. Pas de risque pour les plantes voisines.

 

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