Finies les corvées de désherbage ? Adieu binette et sarcloir ? Existe-t-il une manière élégante de contrôler les mauvaises herbes qui envahissent une allée ou une planche de carottes ? Loin d’être une panacée, le désherbage thermique peut intéresser le jardinier amateur, dans certaines conditions.
Le désherbage thermique séduit de plus en plus les professionnels maraîchers – bio ou non – et les spécialistes de l’entretien des espaces verts, recherchant des alternatives aux herbicides.
Mais chez nous, au jardin, cette technique peut-elle nous être d’une utilité quelconque ?
Tour d’horizon de son emploi et des matériels efficaces et accessibles…financièrement.
Comment fonctionne le désherbage thermique ?
Le principe est simple : à partir d’une température de 80°C, les cellules végétales éclatent, les tissus végétaux ne peuvent résister au choc thermique créé par le passage d’un brûleur suffisamment puissant et soufflant plusieurs milliers de kilocalories !
Seul ce qui est à la surface du sol est touché. Les plantules n’en réchappent pas. Par contre les plantes bien en place sont plus coriaces, les racines n’étant pas atteintes et disposant de réserves nutritives. Plusieurs passages peuvent être nécessaires.
Un désherbeur thermique, c’est quoi ?
En gros, c’est un brûleur – terme impropre puisqu’il ne s’agit pas de carboniser les plantes, mais de provoquer un choc thermique – relié à une source d’énergie, généralement du propane.
Les brûleurs sont de deux types :
- à flamme directe : celle-ci chauffe directement les plantes ;
- à infrarouge : la flamme réchauffe un élément qui à son tour transmet la chaleur par irradiation. Équipe la plupart des matériels professionnels et semi-professionnels.
Les matériels les plus efficaces allient les deux procédés.
Les brûleurs sont soit placés au bout d’une lance, soit portés sur roue.
Le propane est disponible en bouteille de 13 kilos, qu’il faudra déplacer sur un chariot, ou de 5 kilos – ces fameuses petites bouteilles que l’on voit un peu partout, bien pratiques à l’usage -, ou encore de 3 kilos (uniquement chez Elf) que l’on pourra porter à la main ou dans le dos à l’aide d’un harnais. Ces bouteilles se trouvent chez la plupart des revendeurs de gaz (stations essence, supermarchés,…).
Le lien entre brûleur et bouteille de gaz est réalisé par un tuyau normalisé pour gaz (qu’il faut penser à changer régulièrement).
Où le désherbage thermiques est-il intéressant ?
Entretien courant
Pour les allées et les terrasses, au pied des murs. C’est la principale utilisation que nous en faisons. Cette technique est très efficace pour limiter l’entretien manuel des terrasses en dalle de pierre et limiter le développement des mauvaises herbes dans les interstices ; sans les éliminer totalement, car ce sont des plantes vivaces. Nous préconisons trois passages à trois semaines d’intervalle, environ, dès que la végétation démarre. Cela ne supprime pas le désherbage à la main, mais le simplifie. Dans les jardin potagers, le désherbeur est appliqué le long des bordures et au pied de la cabane du jardinier. Là aussi, s’agissant de plantes vivaces la plupart du temps, plusieurs passages sont nécessaires.
Pratique
Au pied des arbres ou des murs, là où il est difficile d’aller biner ou de faucher.
Astucieux
Au potager, sur certaines coulures demandant un désherbage minutieux, souvent long et fastidieux : carottes, persil, poireaux.
Le désherbage thermique est alors combiné avec le faux semis. Cela demande une certaine habitude, mais cette tactique se révèle très efficace et, pour cette raison, elle est adoptée par les maraîchers professionnels. À mon avis, elle se justifie d’avantage pour les grands potagers que pour les jardin de poche.
Le principe est le suivant :
- « Piéger » les mauvaises herbes en préparant le lit de semences – la planche où vous cultivez vos carottes – un mois avant la culture proprement dite.
- Jour J : ameublissez, affinez au rateau, arrosez s’il fait sec ! Couvrez d’un voile de forçage (au printemps).
- J+15 : en l’espace de 15 jours – 3 semaines, de jeunes plantules vont apparaître, que vous éliminerez d’un passage du désherbeur. Répétez l’opération cinq à sept jours après. Intérêt : nul besoin de remuer la terre avec un sarcloir, au risque de faire remonter d’autres graines à la surface.
- J+30 : semis (des carottes par exemple).
- J+40 : passage du désherbeur, avant la levée des carottes (ce que les maraîchers appellent la prélevée).
Au final : quelques heures de désherbage en moins et la satisfaction du travail accompli !
Le désherbage thermique s’applique aussi sur d’autres cultures.
- Sur les navets : pratiquez la même technique, mais ne passez pas le désherbeur après le semis des navets (ceux-ci lèvent trop rapidement).
- Sur les oignons, plantés en bulbilles : vous pouvez le passer jusqu’au stade où le bulbille laisse apparaître une pointe verte.
- Des maraîchers ont pu observer dans la région de Lyon que le désherbage thermique de légumes au printemps accélère les germination de plantes habituellement visibles durant l’été (panic, pourpier, digitaire). Un dernier passage peut dans ce cas être nécessaire.
Vous l’avez compris, le désherbage thermique demande un certain savoir-faire au potager, et des passages répétés dès qu’il s’agit de contrôler des herbes vivaces. L’investissement est cependant loin d’être important (voir offres ci-dessous), mais sans compter la dépense d’énergies fossile.
N’y voyez pas non plus l’abandon de la binette et du sarcloir ! Mais, bien maîtrisée, c’est une technique qui rendra service dans les jardins de bonne taille.
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